Le parti pris du film est radical : se concentrer coûte que coûte sur le personnage d’Anne, qui apprend qu’elle est enceinte dans les années 50, et se trouve complètement seule face à son problème.
Ce parti pris se traduit de multiples façons. L’écriture par exemple ne s’égare sur aucune piste annexe : il ne faut pas rechercher dans le film un tableau d’ensemble, ni une analyse politico-sociale de l’époque. Les personnages secondaires sont volontairement réduits à de simples silhouettes traversant le cadre / la vie d’Anne (la famille, les amies, les ennemies, le professeur).
La caméra épouse elle aussi le parti pris fondateur du film. Elle est rivée au cou d’Anne et à son visage, avec une profondeur de champ qui rend souvent son visage net et ceux des autres flous (on songe au style du Gus van Sant d’Elephant). La bande-son travaille elle aussi au but commun : ressentir l’histoire de cette jeune femme à travers ses sensations et ses émotions.
Dans son genre, le film est réussi et convaincant. Certaines scènes sont frappantes (si vous avez vu le film, vous voyez lesquelles), et utilement dérangeantes.
Mais malgré toutes ses qualités qui sont grandes, il manque pour moi à L’évènement quelque chose qui le rendrait brillant et en ferait un très grand film, quelque chose que possédait un autre film sur le même sujet, le sec et parfait 4 mois, 3 semaines, 2 jours, de Cristian Mungiu, Palme d’or à Cannes.
Critique par : http://www.christoblog.net/2021/12/l-evenement.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail